EDSC65- Initiation au Schatzi

Ce matin le petit groupe a retrouvé Jonathan au local et a prit la route quand une grosse averse a commencé à tomber.

Nous nous garons, une chance qu’il y ait cette grange au départ du sentier pour pouvoir s’équiper à l’abri ! Quand tout le monde est prêt, on s’engage dans la forêt. L’averse s’est arrêtée. La boue et les nombreuses occasions de se vautrer ne gâchent pas le plaisir de se trouver dans le paisible massif de St-Pé.

Le quart d’heure de marche annoncé devient une demi-heure mais ça ne suffit pas à nous décourager ; en plus on a tout le temps d’admirer parmi la mousse les affleurements karstiques polis par les pluies.

Nous nous arrêtons au bord du sentier pour observer un trou par lequel s’engouffre un ruisseau, dont l’eau part pour une grande aventure sous terre. Nous prenons un peu de hauteur et arrivons devant l’entrée du gouffre Shatzi dont le nom est peint sur la roche accompagné d’un cercle barré d’un trait, ce symbole annonçant que son exploration complète n’est pas terminée. Ça devient intriguant. Nous observons le rigoureux travail d’équipement de Jonathan assisté du jeune Gabriel, dont les aptitudes sont prometteuses. Gaëlle, João et moi avions déjà vu les techniques de descente et remontée sur corde lors d’entraînements en falaise, mais un rappel s’impose avant de passer à la pratique en situation verticale ! La première corde est amarrée à un

arbre face à l’entrée, le lien qui nous rattache à la surface pendant que nous nous engageons dans le Shatzi. Le trou commence presque à l’horizontale, et nous en profitons pour saluer les sentinelles de la grotte, des araignées grassouillettes qui nous toisent calmement. On fait tomber les feuilles mortes qui se sont engouffrées et entrons dans le vif du sujet avec un premier puits ! Ce puits nous séduit immédiatement avec sa paroi calcaire où l’eau ruisselle et qu’une jeune salamandre escalade. Nous suivons ensuite un passage étroit aidés d’une main courante et nous nous appliquons à ne pas basculer, tout en évitant

d’écraser les innocentes rhinolophes qui ont choisi de se suspendre aux endroits propices à recevoir des coups de pied dans la truffe. Jonathan termine d’aménager confortablement le départ du prochain puits pendant que Gabriel est déjà en bas et commence à préparer la suite. Arrivés en bas du second puits nous passons une étroiture qui donne sur une salle trop petite pour une halte pique-nique. Malgré nos précautions une chauve-souris s’est réveillée et vole à travers la grotte. Nous contemplons son vol rapide et silencieux, puis elle se refixe sur une paroi et plie ses ailes sur son ventre duveteux.

En haut du troisième puits, nous appréhendons le changement de corde à l’étroit entre une chauve-souris endormie et Jonathan qui nous assiste tout en servant d’appui – aucune chauve-souris n’a été blessée pendant la manœuvre – et s’en suit une belle descente à travers une grande salle, et on se retrouve sur le chaos rocheux. Il est temps de casser la croûte parce que Gaëlle a commencé à casser du choux-fleur !

Des gouttes tombent du plafond en s’écrasant près de nous, et nous écoutons l’acoustique de cette salle qui se prolonge plus bas. Nous décidons d’en rester là pour aujourd’hui et d’entamer le retour.

La remontée se fait en semi-autonomie car, même si nous commençons à nous familiariser avec le matériel, Jonathan garde toujours un œil ou une oreille sur nos progressions. Nous faisons connaissance avec une situation assez cocasse : la remontée dans une étroiture !

Face à l’obstacle, Jonathan nous demande de réfléchir à comment nous comptons passer. Je repère des prises – de tête – et c’est dans ces moments là que l’on se dit que son derrière n’est vraiment pas coopératif. On remonte par petits pas et tout le monde réussi à passer, même si parfois la corde s’est échappée du pantin et qu’il a fallu s’en tirer en agrippant tout ce qui se trouve à portée

de main ou de pied ! Les puits s’enchaînent et tiens, c’est déjà la sortie ? Et oui ça passe vite quand on s’amuse.

Nous sortons tous contents en se promettant une bonne nuit et quittons les lieux comme on les a trouvés, en ne laissant que des traces de dérapages accidentels dans la boue du sentier.

CR : Audrey